Quiconque cherche une réponse à cette question fait rapidement le constat que le coaching n’a pas de source unique, que l’on ne peut de façon indiscutable observer sa naissance à partir d’une école constituée, d’un mouvement de pensée ou d’un précurseur qui en serait le dépositaire incontestable.
Pour moi, tout l’intérêt de cette question est qu’elle m’invite à explorer le sens que je donne au mot “coaching”. Commencer à y répondre, c’est élire mes affinités avec tout ce que peut m’offrir l’histoire humaine comme miroir de ma pratique. Dans cet article je vais illustrer cette exploration par un exemple de filiation qui oscille entre l’anthropologie et la mythologie, en plaçant le curseur très loin dans le passé.
Et si le coaching était finalement apparu dès le début de l’humanité, dès lors qu’un homme avait fait le choix de consacrer la majeure partie de son temps à en écouter d’autres, dans certaines conditions particulières, tendu vers un objectif ?
J’ose convoquer dans ma lignée de coach le petit sorcier à l’arc musical, le chaman représenté dans la Grotte des Trois Frères en Ariège, 20 000 ans avant notre ère. Par analogie avec ce que nous apprend l’anthropologie et par un effort d’imagination, on peut constater chez le petit sorcier à l’arc musical, ainsi que chez nombre de chamans qui ont suivi ses traces, des comportements et des pratiques fort semblables à celles d’un coach :
- Il pose un cadre à sa pratique, en traçant un cercle sacré sur le sol, en travaillant la nuit ou dans des lieux bien précis (forêt, grotte, montagne).
- Ses clients viennent le voir avec des objectifs très concrets (que la chasse soit bonne, que l’ennemi soit vaincu), parfois ambitieux (que la pluie tombe, que la mort épargne le chef de la tribu).
- Ses interventions sont bornées dans le temps ; des résultats sont attendus dans des délais plutôt cours, entre 3 et 6 mois (une ou deux saisons).
- Il n’apporte pas de solutions au client (un schéma tactique de chasse, une nouvelle arme), mais amène ce dernier à trouver en lui les ressources qui vont lui permettre d’atteindre ses objectifs.
- Pour ce faire, il utilise différentes techniques agissant directement sur le corps du client (danses, chants, fumigation, plantes) ou sur son esprit et son imaginaire (fresques sacrées, peintures rituelles, fétiches, masques, placebos, contes et paraboles, jeux de rôle, formules magiques).
- On peut faire l’hypothèse que sa moindre robustesse physique face à la plupart de ses clients lui fait adopter une position basse sur le contenu, mais qu’il conserve une position haute sur le cadre.
- Il est parfaitement congruent tout au long de son intervention : il croit aux génies, esprits, dieux qu’il invoque, et dans leur capacité à aider le client à atteindre son objectif dans le monde matériel.
- Il lui arrive de cultiver un état de conscience spécifique et utile à l’exercice de son art (transe).
- Il est sans cesse en train d’apprendre et de se former, souvent seul à l’écoute de la nature qui est son laboratoire, parfois à côté d’un ancien qui lui transmet des secrets.
Encore une fois, pour moi la question “D’où vient le coaching?” appelle à une réflexion qui dépasse le cadre d’une enquête généalogique à visée scientifique. Elle invite chaque coach à peupler sa mythologie personnel du coaching de personnages, de lieux et d’évènements, dont l’évocation contribue à enrichir la représentation émotionnelle et la compréhension intuitive de ce dernier.
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